Naissance d'un Sakura

De père états-unien et de mère allemande, Chris verra le jour à Washington. Petit garçon calme, réservé, curieux, intelligent et poli. Il comprendra ce que sa mère vivait auprès de son père alcoolique. Son père la battait, la violentait psychologiquement, volait son salaire qu'elle gagnait grâce à son métier de secrétaire traductrice auprès du Président de Yakatomi, une multinationale japonaise spécialisé dans le BTP, construction de super ponts, de Buildings, d'achat et d'exploitation de mines d'uranium, de pierres précieuses, de minerai de métaux, et de charbons. Chris prendra le parti de sa mère. Ma mère était si heureuse que son fils comprenait sa situation horrible. Chris avait plus d'une fois pris une glace ou un biscuit pour lui offrir quand sa mère pleurait. Chris venant essuyer ses larmes doucement avec un mouchoir en murmurant des mots doux. Ainsi, quand Chris prendra conscience que son père devenait une menace grave pour la vie de sa mère, que sa mère se retrouvera, un jour, sur le sol, inconsciente, couverte de marques violacées, Chris s'enfuira de l'appartement, pour aller au siège de la multinationale japonaise où sa mère travaillait pour demander de l'aide. Un agent de sécurité sur place, demandera à une employée des lieux de venir pour comprendre le petit garçon en panique et appellera la police. L’information remontera jusqu’au Président dont elle était la secrétaire traductrice. Le Président ira la voir à l’hôpital et comprendra l’ampleur du problème. Chris le supplia, du haut de son jeune âge, d’aider sa mère. Aide que le Président lui accordera. Aidant sa secrétaire/traductrice en faisant en sorte qu’elle ne retournât pas à son domicile conjugal.


Le Président aidera la mère de Chris à divorcer pour violence conjugale et l'hébergera directement à sa résidence, avec son fils Chris, pour la mettre hors de porter de son époux. Néanmoins, malgré ses efforts, le Président ne réussira pas à faire ce que sa secrétaire désirait : faire en sorte que son fils, Chris, ne porte plus le nom de son père... Redwood. Le point positif, c'était que le père de Chris, en avait perdu totalement la garde. Chris avait sept ans quand tout ceci se passera. Et malheureusement pour le jeune garçon, tout ne se passera pas forcément bien. Car son père essayera à plusieurs reprises de mettre la main dessus alors que Chris allait à l'école. La mère de Chris était une femme belle, discrète, réservée et intelligente... que des qualités aux yeux du Président et avec la situation compliquée qu'elle vivait, cela poussera le Président à faire une proposition à sa secrétaire traductrice : comme le Président était veuf avec deux garçons, il offrira à sa secrétaire traductrice, la possibilité d'un mariage arrangé. Sans consommation charnelle. Les conditions furent bien simples : sa secrétaire traductrice s'occupait de lui et de ses deux fils. Pouvait continuer son travail à ses côtés. En échange, le Président s'engageait à prendre en charge avec un précepteur l'éducation de Chris, de le traiter comme son propre fils, et de lui offrir sa protection jusqu'au bout avec une part d'héritage quoi qu'il puisse arriver à sa mère. La mère de Chris acceptera en pensant à l'avenir de son fils, Chris et alors que le jeune garçon fêtait ses huit ans, sa mère fera un joli et petit mariage avec le Président.

Le Président remarquera bien vite le comportement un peu étrange de son beau-fils, Chris, qui se distinguait vraiment de celui de ses deux fils, à lui. Chris pouvait rester trente minutes debout, à observer toujours la même œuvre qui représentait un Sakura en fleurs. S'enfermant dans sa bibliothèque pour lire des ouvrages en japonais traditionnel, notamment des recueils de poèmes. Il allait toujours en cuisine à l'heure du thé pour ramener pour sa mère et le Président, son beau-père, une collation. À table, Chris mangeait qu'avec des baguettes, alors que même les fils d’Hitori, les avaient abandonnées depuis un moment déjà, au nom d'une modernité de facilité occidentale. Chris était un élève considéré comme brillant en langues étrangères, par son précepteur qui affirmait qu'il avait hérité de sa mère, des facilités pour l'apprentissage des langues, mère qui parlait, écrivait et lisait, pour sa part 4 langues : Anglais, Allemand, Japonais (ancien et moderne) et Chinois. Chris écrivait, lisait et parlait déjà trois langues, avec le niveau de son âge : l'Anglais, le Japonais et le Chinois. Le précepteur, d'ailleurs, conseillera Hitori, de le guider vers cette voie : l'apprentissage des langues étrangères. Pour le reste, Chris était un élève moyen. Normal, avec ses hauts et ses bas qui en dehors d’avoir un don pour les langues étrangères, s’intéressait aux arts. La peinture, la musique, la calligraphie, les compositions florales…

Qui plus est, l'argent et les cadeaux de valeurs n'avaient justement pas de valeur aux jeunes yeux lagon de Chris. Non. Quand les propres fils d’Hitori, lui demandaient des cadeaux hors de prix pour leur anniversaire et autres fêtes, Chris était heureux de recevoir un simple kit de calligraphie de qualité, une estampe ancienne ou encore un livre de poèmes. Son beau-père ne pouvait que louer la bonne éducation que sa mère et maintenant épouse avait offerte à son beau-fils. Chris n'était pas matérialiste. Ainsi, le Président, lui offrira une belle éducation bourgeoise, composée de cours de musique - Chris choisira la cithare après avoir regardé une artiste en jouer lors d’une grande soirée de Nouvel An au siège de la Multinationale -, de cours de peinture, de composition florale. Se mettant, malgré lui, à passer plus de temps avec Chris quand Hitori était libre, qu'avec ses propres fils.

Ses dix ans de Chris arriveront ainsi que la pénible nouvelle d'un cancer frappant sa mère. Une leucémie. Malgré les moyens que le Président mettra sur la table, malgré les bons soins de qualité que sa mère recevra, elle décédera six mois plus tard. Le Président promettra sur son lit de mort de son épouse, de toujours prendre soin de Chris. Chris, quant à lui, pleura silencieusement... entre tristesse et soulagement que sa mère était morte heureuse et bien traitée par son nouveau compagnon. Le jeune garçon qu'était Chris se retrouvait seul, finalement. Avec ses deux beaux-frères qui le haïssaient, car leur père, Hitori, les accablait de leur mauvais comportement en les comparant avec lui. Mais Chris n'avait aucune aigreur contre son beau-père. Non. Loin de là. Et les reproches de ses demi-frères par alliances, Chris les ignorait royalement. Traçant sa route, comme il l'entendait.

Et le Printemps du Sakura vient...

Une complicité entre Chris et son beau-père vit lentement le jour après la mort de sa mère. Leur relation était déjà bonne de base. Hitori lui portant davantage d'attention qu'à ses propres fils, néanmoins, Hitori découvrait un peu plus ce jeune homme en devenir qu’était Chris. Arrivant enfin à aller dans sa chambre pour y découvrir des peintures de Sakura en fleurs style classique japonais que Chris avait fait. Chris avait une véritable passion pour les Sakuras en fleurs. Et le nombre de livres de poèmes japonais que Chris avait sur sa table de chevet. Quelque part, Hitori ne pouvait pas s'empêcher que d'admirer son beau-fils pour cette sensibilité si tendre et douce. Quasiment féminine.

Chris aussi, commencera à nourrir une certaine curiosité pour son beau-père, qu'il trouvait être un homme de bien, de valeurs, traditionnel, mais avec juste ce qu'il fallait de modernité, pour ne pas tomber dans les clichés débiles ou les contradictions. Chris était loin d'être isolé, Chris suivait son beau-père, Hitori, dans bien des soirées. Sera scolarisé dans un bon établissement d'enseignement, aura des camarades aussi bien féminine que masculin. Néanmoins, la seule personne qui nourrissait son intérêt, restait son beau-père. Beau-père dont Chris prenait toujours soin à sa façon, en lui apportant des goûters en revenant des cours. Car, oui, sur son temps libre, Chris s'était mis à prendre des cours de cuisine traditionnelle japonaise avec le chef cuisinier que son beau-père louait pour les grands événements. Et autant dire que son beau-père avait droit de déguster ses petits plats pour donner son avis. Raté, imparfait ou bon, son beau-père, disait toujours la vérité à Chris. Même si Hitori trouvait vraiment adorable ses efforts, et que même si les plats étaient ratés, Hitori les mangeait avec appétit et baume au coeur. Les douces attentions de Chris le touchaient sincèrement.

Chris aura 15 ans quand les deux fils ainés du Président partiront pour l'université d'Harvard pour faire leur étude d'avocat. Non, sans avoir commandé à leur père, le permis de conduire et deux beaux véhicules de luxe... ainsi que la location d'un appartement à la hauteur de leur rang social. Ce qui une fois de plus dégoutera profondément leur père, sans même que ses deux fils s'en rendent compte. Eux ne voyaient que leur dû, leur père, voyait lui, deux rapaces. Chris et son beau-père, se retrouveront ainsi seul à seul, sous le même toit et une tension naîtra lentement entre eux deux. Dans cette veine, le Président ne pourra pas s'empêcher de demander à Chris, ce qu'il désirait comme cadeau pour son prochain anniversaire... La réponse de Chris désarçonnera son beau-père : Un voyage au Japon pendant la saison des Sakuras en fleurs, avec son beau-père. Chris était tellement à mille lieues de tout... et surtout des fils d’Hitori…

Durant cette année-là, avant leur voyage, Hitori surprendra Chris, portant une robe de sa défunte épouse, sa mère. Une robe noire moulante, fendue sur les deux côtés, jusqu’aux cuisses, a col mao, manches longues, et épaules dénudées. Arborant des escarpins corbeau. Le regard maquillé d’ébène. Le cœur d’Hitori avait bondi dans sa poitrine quand Chris se retournera pour l’observé, en penchant la tête sur le côté. Lui souriant. Chris lui montrait qu’il n’avait pas peur de la réaction de son beau-père et lui, Hitori se sentira désarmé. Comprenant que Chris n’était pas un jeune homme en devenir ordinaire. Néanmoins, Hitori fut incapable de dire à Chris que c’était immoral, que les codes vestimentaires des hommes et des femmes étaient différents. Non. Hitori sera juste là, foudroyé sur place. Rendant les armes. Ne se voyant pas un seul instant interdire à Chris de se travestir. Hitori ne pourra que donner le conseils à Chris de ne se travestir qu’à la résidence pour éviter les critiques des gens. De la société. Et Hitori se demandait ce qu’il ressentait pour Chris.


Le Sakura en fleurs...

Seize ans et heureux comme jamais dans son existence, Chris dansait sous les pétales de cerisiers en fleurs qui tombait en une douce pluie féérique sous la brise légère... Riant. Radieux. Sous le regard hypnotisé de son beau-père, Hitori. Trois mois de vacances, passant de petites auberges en petites auberges qui ne payaient pas de mine, juste de la simplicité. Cela sera là aussi que Chris lui demandera un tatouage de branches de cerisiers en fleurs dans son dos que Hitori lui fera faire sans hésitation.

La décision d'Hitori était prise, il retournerait chaque année avec Chris en vacances au Japon pendant la saison des cerisiers en fleurs, sans se douter que l'année des 18 ans de Chris serait un doux rêve. Un moment magique qui donnerait un tout autre tournant à son existence. Alors que Chris transformait sa vie doucement, mais sûrement. Hitori lui offrait maquillage, bijoux, chaussures à talons, sans même réfléchir sur le fait que c'étaient des "objets" féminins et non pour un homme. Lui faisant perdre pied sur ses propres valeurs traditionnelles japonaises autour des codes entre homme et femme. La sensibilité féminine de Chris le touchait profondément, que tout en devenait évident, sans question à poser. Sans interrogation superflue. Non, cela coulait juste de source et c’était limpide comme l’eau de roches. Tout comme ses sentiments à son égard. Hitori le poussera néanmoins à ne jamais se vêtir, même de façon ambiguë en dehors de la demeure.


Un lac entouré de Sakura en fleurs... donc les pétales flottaient à la surface de l'eau. Hitori qui ramait, Chris assis en face de lui, tenant une ombrelle de papier... Vêtu d'un beau Kimono noir...Ses joues roses... son visage se rapprochant du sien... juste ses lèvres qui se posèrent chastement sur les siennes... le soir même, ils faisaient l'amour ensemble passionnément... La naissance d'une histoire d'amour parfaite... faite de tendresse, d'affection, d'attention mutuelle, de respect... Vivant dans une petite bulle magique où aucun nuage n'arrivait à s'infiltrer. Le petit couple retournant tous les ans au Japon pour le mois d'Avril, fêtant leur première fois et l’anniversaire de Chris au passage. Un moment précieux à leur coeur.

Et l'ombre avec l'Eté viendra...

Les 22 ans de Chris sonnaient. Le bonheur lui souriait ainsi que l'avenir. Tout comme l'amour parfait qu'il vivait secrètement avec son beau-père, Hitori. Il avait eu ses diplômes en langues et était devenu traducteur certifié en Anglais, Allemand, Japonais (ancien et traditionnel) et finalement Arabe pour question stratégique pour la multinationale de son amoureux. Lui garantissant un emploi de marque au sein de la multinationale comme traducteur. Intégré au sein de la multinationale, Chris fera une formation complémentaire, pour obtenir son diplôme de secrétaire personnelle de direction.

Chris ira avec son amoureux, fêter à Harvard, la remise de diplôme de ses deux beaux-frères. De retour, temporairement, à la résidence familiale, les deux frères seront mis en quarantaine par leur père, dans un petit pavillon des invités, leur targuant que maintenant qu'ils étaient avocats, adultes, ils n'avaient plus à vivre directement au sein de la demeure familiale principale. Ce qu'ils vivront plus ou moins mal, vu que Chris, lui, y vivait. Cependant, la motivation d'Hitori était bien simple : que ses deux rapaces de fils ne viennent pas foutre la merde dans son couple avec Chris qui avait été nommé fraichement comme traducteur au sein de la multinationale et qu’ils découvrent son secret sur le fait que Chris se travestissait en femme. Et autant dire que Hitori leur trouvera, à ses frais, bien rapidement un appartement, pour chacun, dans le seul et unique but de les éloigner totalement. Leur donnant l'occasion, financement à l'appui, d'ouvrir un cabinet d'avocats ou de faire leur début dans un grand cabinet New-Yorkais. Plus, ils seraient loin, mieux cela serait pour Chris. Néanmoins, les deux fils soupçonnaient, qu’il avait un truc qui clochait et se juraient de le trouver un jour ou l’autre.

Cinq années de calme s'ensuivit. Chris ayant obtenu son diplôme de secrétaire personnel de direction, bossait maintenant auprès de son amoureux, gérant son planning jour après jours, abandonnant son emploi de traducteur. Souffrant petit à petit de devoir se cacher… Malgré les efforts d’Hitori de lui dire qu’il fallait faire avec. Pas de maquillage, pas de bijoux, même pas une veste dos nu… Non… Chris le vivait mal… Car ce n’était juste pas lui, pendant plus de 10h par jour… Et la seule chose que Chris faisait en rentrant à la demeure, c’était de filer à son dressing pour balancer ses vêtements d’homme, avant qu’il ne finisse par se résigner et accepter sa condition avec le temps qui passait.

Néanmoins, les deux frères reviendront méchamment à la charge dès que leur père leur refusera une coquette somme d'argent pour remettre à flot leur finance et ainsi étendre leur cabinet d'avocats. Leur père leur expliquant, qu'il ne serait pas toujours là pour renflouer leur caisse. Ainsi, alors que les deux tourtereaux seront en voyage au Japon pour fêter leurs dix ans de couple, les deux frères graisseront la patte à un employé au sein de la multinationale et au sein de la résidence de leur père. Rapidement, ils eurent les preuves nécessaires qu’ils mirent sur la table devant leur père. Des photographies de Chris vêtu en femme à la demeure familiale… Ou de leur père et Chris faisant l’amour ensemble au bureau. Hitori pour protéger Chris, finira par verser les fonds. Payant au passage leur silence.


L'Automne dépouillera le Sakura.

S’il y avait bien une chose à laquelle Chris et Hitori n’avait jamais pensé, c’était leur différence d’âge. Cinquante-et-un. Chris arborait avec insolence la maturité de ses 35 ans alors que son chéri, Hitori fêtait ses quatre-vingt-six ans… Même si leur rapport sexuel s’était raréfiée, Chris n’en faisait jamais état. Chris l’aimait. Point à la ligne. Jamais la notion de fin dû à la mort à la mort d’Hitori n’avait existé dans son esprit. Non. Chris était juste là, à penser à l’immortalité de leur amour. Pourtant, Hitori ne se réveillera pas, un matin, un mois après avoir fêté ses quatre-vingt-six ans. Chris aura beau appeler une ambulance après avoir constaté que Hitori ne bougeait plus du tout, qu’il ne respirait plus, tout ce qu’on lui dira : c’était que Hitori était mort.

Chris s’effondra de peine, pleurant longuement. Essayant de se reprendre pour penser à un enterrement digne de ce nom pour l’homme qu’il avait tant aimé. Prévenant le directoire de la multinationale ainsi que les deux beau-frères du décès d’Hitori. Malheureusement, ce que Chrisl ne savait pas, c’était que la mort de son amoureux, qui comme lui, avait vécu sur un petit nuage leur amour, allait sonner la fin de son existence paisible. Car ses deux beaux-frères, deux jours après, débarqueront, avec un huissier de justice, pour le mettre à la rue. L’accusant d’essayer de voler une partie du patrimoine de leur père. Chris n’aura le droit de partir qu’avec quelques vêtements et sera mis dehors sans autre égard.

Bien sûr que Chris avait de l’argent de côté, car il avait très peu touché à ses salaires durant toutes ses années. Cela lui faisait de l’argent de côté, mais cette argent ne serait pas éternelle. Et où aller ? Chris tombera dans une petite chambre de motel, avec son petit sac. Chris recevra, à son motel, une lettre, sans savoir comment ces deux beaux-frère avaient su qu’il y était. La Lettre notifiait à Chris, que sa présence n’était pas désirée à l’enterrement d’Hitori. Chris retournera travailler à l’entreprise… mais on lui signifiera son licenciement pour faute grave et atteinte aux bonnes mœurs pouvant dégrader la réputation de la multinationale. Chris n’avait plus rien. Son amoureux était parti. Son emploi perdu. Il n’avait plus de toit.

Chris prendra un avocat, avec ses économies, pour faire valoir le droit de récupérer les cadeaux que son amoureux lui avait offerts, ainsi que ses effets personnels. Voulant mettre en avant les factures qui collaient avec sa date d’anniversaire. Malheureusement, son avocat le raisonnera en lui disant que s’il faisait ça, Chris avouerait qu’il était un travesti et briserait la possibilité d’un nouvel emploi ailleurs. Chris perdra quasiment tout… Il ne récupérera que les vêtements d’homme qu’il possédait. Perdant ses bijoux, ses vêtements de femme, son maquillage, ses chaussures… Tout ce que Chris était réellement.

Et l’hiver n’aura plus de fin…

Chris essayera de retrouver un bon travail, autant en tant que Secrétaire personnel de direction que traducteur, mais à chaque fois, les portes se refermaient derrière lui. Comprenant bien que les fils d’Hitori l’avait grillé partout. La descente fut longue, dure et difficile à encaisser. Chris se mettra à boire, quand le seul emploi qu’il décrochera sera dans une petite société de location de voitures et qu’un client, après avoir rayé un véhicule lors de sa location, lui crachera au visage, juste par ce que Chris devait le noter dans le constat de retour.

Le cannabis deviendra une consommation courante pour tenir les deux bouts. Entre la perte de son amoureux et sa chute sociale, Chris n’arrivait pas à encaisser le choc… Se réveiller chaque matin seul… sans son amoureux. Ne plus l’entendre dire qu’il l’aimait. Être seul… il n’en pouvait plus. Cela le dévorait. Tout comme s’habiller sans cesse en homme en reniant ce qu’il était vraiment, au fond de lui-même. Et un soir, fumant un joint en marchant sans but réel, ayant un verre dans le nez, Chris entrera dans un club au hasard, où assis au bar, morose, un homme viendra lui faire la conversation, Chris discutera sans même faire attention à ce qu’il disait, et l’inconnu lui dira sèchement qu’il n’avait qu’à se vendre s’il voulait de la compagnie et gagner mieux sa vie. Se plaindre ainsi quand on était un aussi bel homme, était juste minable de sa part.

Si Chris fut outré au début, il cogitera énormément les mots de cette rencontre d’une nuit et se devra de faire un constat bien étrange, les fils d’Hitori, ces deux rapaces, lui avaient tout pris… tout volé… sauf le droit d’exploiter son corps et son tatouage. Sans parler qu’il avait baigné dans le monde des affaires depuis son enfance. Que son amoureux lui en avait énormément parlé. Qu’il avait été secrétaire personnel de direction pour lui, organisant sa vie à la minute près. Et un dernier point était à prendre en compte : ses affinités avec l’art, sa bonne culture. Sa garde de robes masculine était là, sous son regard, encore dans ces valises, même si elle était contraire à tout ce qu’il inspirait vraiment. Il n’avait qu’un pas à franchir tout en étant réaliste qu’il allait devoir commencer en bas de l’échelle et que cela ne serait pas tout rose chaque nuit.

Chris aura, malgré lui, un soupir ironique. Il était tombé à 35 ans et se retrouvait à quasiment 37 ans à entrer dans la prostitution. Le cerisier qui avait grandi dans l’amour, la douceur et la tendresse se voyait rabaisser à devenir une pute et s’endurcir pour survivre.

Cela sera ainsi, que Chris fera ses premiers pas dans la prostitution. Avec des clients qui s’amuseront à le louer et finalement, il ne se retrouvera pas avec un partenaire, mais plusieurs. La brutalité de l’acte à mille lieux de ce qu’il vivait avec son amoureux et cela deviendra un lot quotidien ordinaire. Doucement, il gagnera, de manière stable, suffisamment bien sa vie pour arrêter son job dans la boite de location de voitures. Il montera en “grade”, allant dans des clubs plus chics. Et rapidement un surnom lui sera donné : l’homme aux fleurs de cerisier, par tou/te/s celles et ceux qui avaient vu son dos tatoué. Il commencera aussi à faire de l’escort pour des clients plus aisés demandant de la compagnie. Et des femmes aussi au passage. Il n’était pas sélectif. Tant que l’argent était présent. Résigné à ne plus être comme il était vraiment. Juste à plaire aux autres. Entrant dans un jeu de massacre pour lui-même où l’oubli de sa nature profonde fut un lot quotidien.

Il apprendra aussi le fait qu’il devait entretenir son corps pour rester sur le marché. Ainsi, il finira par aller, jour après jour, à une salle de sports. Tapis de courses… corde à sauter… de la musculation de base, avec des petits poids et une série de 40 pompes par jour deviendra son lot quotidien avec 2h de natations par semaine. Car on aimait un homme avec du muscle. S’offrant des masques froids pour éviter les cernes sous les yeux. Des pommades pour conserver les mains douces. Et pour hydrater correctement son visage. Un tour chez le coiffeur et l’esthéticienne une fois par mois.

Le doux cerisier en fleurs était parti tout comme sa nature profonde ainsi que son innocence. Un cerisier dont l’hiver et le poids de la neige avait courbé les branches, mais ne les avaient pas brisées. Au point qu’il nourrissait une haine féroce contre les fils d’Hitori… Une haine qui trouvera une vengeance parfaite, quand Chris croisera la route d’une femme aisée qui le louera. Entre deux verres et coups de reins au lit, elle lui fera l’aveu d’être à l’ouest en ce moment, d’avoir le coeur à l’envers, car elle entretenait une liaison avec un homme marié haut placé, avocat, qui était d’origine japonaise… Chris se fera l’homme le plus câlin du monde et elle lui sortira le nom. C’était le fils aîné d’Hitori. Une belle aubaine, dans un monde puritain où quand on a un haut standing morale à tenir, le fils aîné d’Hitori trompait son épouse. La même morale qui l’avait détruit.

Pour assouvir sa vengeance, Chris fera davantage de clients, ne s’offrant aucun jour de repos pour amasser une coquette somme dans l’optique de louer un détective privé avec les informations qu’il avait eu de la part de la pauvre maîtresse. Puis, une fois toutes les informations en sa possession, photos et tout… Chris ira porter l’ensemble à un cabinet concurrent mis à mal à cause des deux fils d’Hitori. Autant dire que ses informations furent bien accueillies, même si on lui demandera pourquoi, il ne voulait pas d’argent en échange… Il répondra juste un : La vengeance est un plat qui se mange froid. Avant de partir. Dix ans avait passé avant que Chris ait eu cette occasion. Alors, bon… de l’argent, il n’en voulait pas. Il désirait juste les plonger dans la tourmente. Le scandale sortira, l’aîné devra démissionner du cabinet, car cette affaire avait révélé au passage des pratiques douteuses de leur cabinet. On ne saura jamais que Chris était derrière. Chris louera finalement l’univers puritain du monde des affaires des USA. C’était si pratique parfois. Lui pouvait enfin être en paix.

Il continuera d’arpenter les clubs de la ville jusqu’à ces 49 ans. Un de ces clients réguliers, visiblement très satisfait de ses services, évoquera son existence auprès des instances du Seven Sidh. Un prospecteur viendra donc observer Chris dans son quotidien. Enquêtera sur son passé. Il sera sûr qu’il aura ses antécédents familiaux. Le divorce de sa mère, son père alcoolique. Son remariage. Sa mort. Lui, qui grandira auprès d’un riche homme d’affaires qu’était Hitori à la tête du siège états-unien de la multinationale. De son travail d’abord de Traducteur en son sein, puis de secrétaire personnel de direction à ses côtés. Son style vestimentaire… Puis de sa chute… après son décès. Sa nouvelle ascension professionnelle dans le domaine de la prostitution. Tout après dépendra de la finesse d’esprit du prospecteur de comprendre entre les lignes l’existence de son couple secret avec Hitori et qu’il se travestissait en privé à l’époque.

En tout cas, il finira par l’approcher avec un discours standard de bon commercial : “Une phase de recrutement va bientôt avoir lieu pour travailler au sein d'un complexe de loisirs haut de gamme en Irlande et vous semblez tout à fait correspondre au profil recherché. Plus d'informations vous seront communiquées sur place, mais c'est l'assurance de gagner en sécurité et d'être logé, nourri et blanchi tout en percevant salaire.”

Chris ayant fréquenté le monde des affaires de près, se doutait bien qu’à travers son discours, le salaire ne devait pas être mirobolant. Dans le fond, c’était normal, quand on était logé, nourri, blanchi, entretenu… La sécurité n’était pas négligeable. Mais bon quand il déduisait tous les frais qu’il avait derrière son activité “freelance” et l’absence de sécurité derrière. C’était intéressant. Et quand il parlait qu’il avait le profil, à part pour escort et gigolo, on ne le connaissait que pour cela niveau réputation. Donc bon, son profil… il recherchait des prostitués haut de gamme capable de faire plus qu’écarter les cuisses ou donner des coups de reins. Enfin, c’était la déduction qu’il en faisait. Il dira finalement oui pour le suivre. Faisant une unique et énorme valise. Plutôt confiant d’être embauché, car il connaissait ce qu’était le haut standing dans le domaine. Depuis le temps qu’il y bossait.

Sur place, il passera un entretien très agréable avec la responsable, Freya, qui s’en occupait, elle lui demandera de se mettre à nu. Il comprit bien qu’on voulait voir la marchandise à vendre. Donc, il le fera, sans aucune réticence. Des clients lui avaient demandé aussi par le passé. Il se rhabilla, la saluera poliment avant de suivre les gardes pour les examens divers et variés dans une sorte d’hôpital, pendant plusieurs jours. Pendant son temps libre, il ne se reposera pas sur ses lauriers. Une fois fait, on lui demandera de signer des clauses et un contrat, ce qu’il fera. Toujours lucide sur son futur emploi et la qualité qu’il aura en son sein. On lui demandera quel pseudonyme il voulait prendre, il proposera Sakura. Mais bon, vu son âge… on désirait le mettre visiblement bien plus en valeur quant à sa maturité. Ainsi, il prendra le pseudo de Sakuran. Une belle suggestion qui lui sera faite et qui dans le fond, correspondait bien à sa vie. Entre le sakura et comment il avait fini. Au final, son entrée totale dans le club se fera par la remise d’un trousseau, son accueil par Dahlia… et la présentation de sa chambre… la découverte agréable d’une ambiance japonaise… Non sans un thé de bienvenue… drogué. Amen… il y avait eu droit plus d’une fois au coup de la drogue dans la boisson. Donc bon, il n’aura aucune panique à son réveil. Dahlia lui remettra son matériel de boulot. Ainsi marquera le début de sa carrière au sein du Seven Sidh en tant que Hanako Tsubaki.

Il s’intégrera vite à la structure. Bossant en cuisine pour aider à préparer les bentos des résidents des lieux qui le désiraient, mais aussi de Dahlia qui était sa responsable principale et que quelque part, il affectionnait. Son ressenti sur elle le poussait à avoir un immense respect pour cette dernière. Tout comme il fera ce que beaucoup ne faisaient pas… s’entretenir aussi bien d’apparence que de réputation pour conserver son statut et monter en grade. Son expérience lui avait trop montrer que s’endormir sur son “succès” menait à sa propre perte. Il avait tout renié pour en être là, aujourd’hui. S’accordant souvent, une seule journée de repos dans la semaine et se proposant pour des remplacements. Quand il était de repos, il allait, dans ses plus belles tenues masculines, en prenant soin de ne pas porter son charme, dans les lieux fréquentés par les clients… Se montrant détachés, distants, attirants… sans jamais dire un mot ou engager une conversation. Et quand on s’approchait pour lui demander s’il était libre, il ne fera jamais plus que murmurer ses horaires de travail et son pseudo avant de partir, comme il était venu. Une image cela s’entretenait, par le mystère et le silence et non par des grands discours.

Maintenant âgé de 51 ans, Dahlia lui annoncera qu’il allait bientôt changer de statut pour devenir Hanako Higanbana. Mais la nouvelle ne l’a guère flatté… car il ne compte plus jamais se laisser endormir par son statut.